Ce travail de sensibilisation, cet effort pédagogique, s'il est à faire au niveau des nouveaux joueurs, il doit aussi s'effectuer en direction de tous ceux qui, même expérimentés, ont parfois quelques lacunes ou, d'étranges interprétations des règles. À moins qu'il ne s'agisse que du manque de probité. Cependant qui pourrait le croire. Chaque joueur n'a-t-il pas fait voeu d'honnêteté ?! Puisqu' « il est convenu qu'aucun joueur d'ultimate ne viole intentionnellement les règles de jeu. » L'acceptation loyale des règles s'impose trop immédiatement à l'esprit. À l'évidence, ce seul sens de respect des règles ne suffit pas à cerner le terme de fair-play. Car si le fair-play est ce seul respect du règlement, pourquoi existe-t-il des trophées du fair-play ? Sur un tournoi de vingt équipes, considère-t-on que dix-neuf d'entre elles n'appliquent pas les règles ? Sans nul doute, non ! Car gagner, alors rien de plus simple ; lire, comprendre et appliquer les quelques articles du règlement. Trop simple ! (quoique)

Rajouterait-on quelques lois que cela n'y changerait rien. Même si l'on assiste aujourd'hui à une accumulation des règlements organisateurs, ces « arbitres lettrés » faiseurs de leçons, réconfort de nos bonnes consciences, somnifères de notre esprit... du jeu. Rien n'y fera. Parce que ce ne sont pas les forces de l'ordre qui forgent les éthiques.

N'écoutons qu'un seul arbitre. le libre arbitre ! Les joueurs d'ultimate ne sont-ils pas des libertins du sport. C'est en tout cas ce que je me plais à imaginer. Que le règlement soit le cadre indispensable à la création, mais qu'il ne soit pas la camisole de force amie de la routine, le lit douillet des habitudes. Ne nous laissons pas séduire par l'habitude. Gardons cette souplesse, marge de transgression poétique. Surprenons-nous par l'innovation. Il nous faut dépasser les seuls points de règlement, pouvoir les transcender, laisser la place à la beauté du geste et de l'action.

« Pas d'arbitre sur le terrain d'ultimate. Tout joueur abandonne l'idée de gruger, de faire des fautes sans se faire prendre, de faire du cinéma ou de réclamer des sanctions imaginaires. Un frisbee à la main, il apprend à accorder le point à l'adversaire pour la beauté du geste s'il vient de capter le disque d'un joli vol plané au-dessus du gazon, même légèrement hors limites. » -Nicolas de la Casinière (Libération, 1 sept. 95)-

Soyons ces Sumotoris combattant, non pour la victoire, mais pour la beauté du combat. Car l'important n'est évidement pas de participer. Même si « nous avons des contacts avec les comités olympiques pour asseoir une crédibilité mondiale » (Michel Maisonnave, Ouest France, 28 août 95), nous ne devons pas prendre pour nôtre la devise de Pierre de Coubertin. L'important n'est pas de participer, mais de BIEN participer. La victoire est peu de chose quand la beauté du jeu et de l'esprit n'y sont pas.

1 Fair-play n. m. invar. (1900 ; loc. Angl. « franc-jeu », « jeu royal ») Acceptation loyale des règles (d'un jeu, d'un sport, des affaires) « jouer le fair-play » adj. Il n'est pas très fair-play. recomm. offic. Franc-jeu.

« La pratique en haute compétition est encouragée, mais elle ne doit jamais l'être au détriment du respect mutuel entre joueurs, de l'adhésion au règlement convenu de l'épreuve, ou même, de la notion fondamentale qu'est le plaisir de jouer. » (extrait du règlement de la WFDF, « The Official Rules of Flying Disc Sport, 1992 »

article 1 : the Irish Spirit